326 LA QUESTION ALBANAISE peuple et la politique centralisatrice des Jeunes-Turcs, devenait de plus en plus difficile. Aux élections, en décembre, deux députés musulmans furent élus, quoique, notoirement, les catholiques fussent en grande majorité; mais le Comité refusa d’accepter comme candidats les drogmans des consulats d’Au-triche et d’Italie et déclara qu’il n’admettrait que des candidats sans attaches avec l’étranger. Un vif mécontentement s’ensuivit parmi les catholiques. A la fin de décembre, des délégués du Comité U. et P. vinrent à Scutari faire une conférence sur la Constitution ; l’un d’eux, un hodja, nommé Yeledan effendi, parlant dans la grande salle de la Médersé, déclara que l’Etat doit être neutre en matière religieuse et professer un respect égal pour l’Ëvangile et pour le Coran : il fut hué, houspillé par les musulmans comme par les catholiques. En janvier 1909, un nouveau vali, Bedri Pacha, lit son entrée à Scutari ; conciliant dans les formes, très libéral et partisan d’une juste décentralisation, mais très résolu à ne pas faire de concessions au particularisme et à l’anarchie, il s’attacha à maintenir l’ordre dans la rue et veilla strictement à l’interdiction de porter des armes dans la ville; malheureusement son programme excellent, — relèvement moral et économique par des écoles et des routes — est, faute d’argent, resté à peu près lettre morte. Au moment de la tentative contre-révolutionnaire du 13 avril 1909, les hodjas excitèrent le peuple contre les Jeunes-Turcs, mais les montagnards restèrent immobiles, indifférents à tout ce qui ne touche pas directement leurs privilèges et leurs coutumes. Prink Pacha resta fidèle à la Constitution, offrit de marcher avec ses Mirdites sur Constanlinople et h savoir aux beys musulmans réactionnaires de Scutari que s’ils bougeaient « il les jetterait dans le lac comme des grenouilles ». Mais la déposition du Sultan et surtout l’exécution d’Albanais compromis dans 1 affaire