UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? 479 Elle pourrait commencer par une alliance serbo-bulgare. Certains patriotes serbes seraient, dit-on, prêts aux plus grands sacrifices pour que leur pays ne reste pas dans son isolement en face d’une Autriche menaçante. Les uns se résigneraient à accepter la « solution autrichienne », c’est-à-dire la Serbie allant, de son plein gré, se réunir, sous le sceptre des Habsbourg, avec le groupe des Slaves du Sud déjà englobés dans l’Empire. D’autres préféreraient la « solution bulgare » ; ils entrevoient une alliance rendue plus étroite par une union personnelle : deux couronnes sur une seule tête, deux armées sous un seul chef. De l’union de la Serbie et de la Bulgarie, sous quelque forme qu’elle se produise, serait formé un premier noyau de confédération auquel s’adjoindrait le Monténégro ; l’alliance ne serait dirigée spécialement contre personne, mais elle pourrait faire front soit contre la Turquie, soit contre l’Autriche : ce serait une confédération danubienne; elle aurait l’appui de la Russie. La Bulgarie accepterait-elle ce rôle? Ou bien la verra-t-on, sacrifiant la Serbie, lier partie avec l’Autriche? on a parfois supposé qu’entre Vienne et Sofia, comme autrefois entre Vienne et Pétersbourg, un partage des Balkans aurait été prévu ; la Bulgarie irait jusqu’à la mer et envelopperait Constantinople ; l’Autriche descendrait sur Saionique portée par les Slaves du Sud réunis sous le sceptre des Habsbourg... Où s’arrêterait-on dans ce jeu des hypothèses? Le fait, cependant, qu’on les discute, montre que, de tous côtés, on a conscience que l’Orient n’a pas encore trouvé son assiette définitive et que de grands changements s’y préparent. Entre la Roumanie et ses voisins slaves de la rive droite du Danube, les relations sont actuellement bonnes. A Bucarest aussi, la perspective d’événements considérables en Orient fait sentir les dangers de l’isolement. La Roumanie — nous l’avons vu — a cherché jusqu’ici