8 INTRODUCTION moyens. Cela, Guillaume II l’affirme à chaque instant dans ses discours : « Notre avenir est sur l’eau ; plus les Allemands s’en iront sur l’eau... mieux cela vaudra pour nous : car lorsqu'une bonne fois l’Allemand aura appris à voir loin et grand, il sera moins préoccupé par les petits soucis de la vie quotidienne... Nous avons tiré les conséquences de ce que nous ont laissé, comme leur œuvre personnelle, l’empereur Guillaume le Grand, mon immortel grand-père, et le grand homme dont nous venons d’inaugurer le monument (Bismarck) ; ces conséquences sont que nous nous sommes établis là d’où, autrefois, la Hanse avait dû battre en retraite, parce que FEmpire n’était ni vivant ni fort *. » La conséquence de cette politique, c’est, en Europe, la paix. Sans la paix, pas d’expansion commerciale possible, pas d’acquisitions coloniales : « C’est pourquoi aujourd’hui le devoir de ma maison est d’encourager et de protéger le commerce, au sein d’une paix profonde, pendant de longues années. » Des débouchés pour le commerce, des colonies pour recevoir des émigrants allemands, des ports de relâche pour les flottes de commerce et de guerre, voilà d’abord ce que recherche la politique de Guillaume II. Mais elle a un idéal plus élevé, plus vaste, plus dangereux aussi. Un peuple victorieux, un peuple civilisé, illustre non seulement par ses armes, mais aussi par ses savants, ses philosophes, ses écrivains, ne peut se désintéresser de rien de ce qui se passe sur le globe ; partout il doit être le premier, et qui ne le reconnaîtrait pas s’expose à être « frappé de la dextre gantée de fer » de ¡’Allemand. Les victoires des hommes de l’époque héroïque lui ont assuré la suprématie européenne, mais ce n’est point 1. A Hambourg, le 19 juin 1901. — Pour les discours de Guillaume II et ses idées, voyez : Guillaume II. Ce qu’il dit. Ce qu’il pense, par J. Arren. (Pierre Lafflte, 1911, in-S°.)