ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 243 A peine « l’avis amical », qui a terminé la phase aiguë de la crise de Bosnie avait-il été donné par le comte de Pourtalès à M. Isvolski (25 mars), que le prince de Bülow s'attachait — nous l’avons vu — à en expliquer les circonstances et à en pallier les conséquences ; il poursuivait la contre-assurance avec la Russie. L’entrevue de Guillaume II avec le tsar Nicolas à Bjorko (17 juin 1909) fut la première étape; Potsdam a été la seconde. L’entrevue de Potsdam et l’entente qui en est sortie ne prennent leur vrai sens que si on les considère comme la conclusion de la crise de Bosnie. A l’automne 1909 Nicolas II et M. Isvolski, allant d’Odessa à Racconigi, font un immense détour par l’Allemagne et la France, pour éviter le territoire austro-hongrois ; ils fraternisent avec le roi Victor-Emmanuel et M. Tittoni ; M. Nathan, maire de Rome, naguère grand maître de la franc-maçonnerie, est appelé à présenter ses devoirs au tsar de toutes les Russies. Ainsi se manifeste la persistance des ressentiments issus de l’annexion de la Bosnie. Entre l’Autriche et la Russie, la mésintelligence, née des événements de l’hiver 1908-1909, remplace l’entente qui a si longtemps assuré la tranquillité des Balkans et de l’Europe. Ressentiments austro-russes, antipathies austro-italiennes donnent à l’entrevue de Racconigi tout son sens et toute sa portée. On y a parlé, entre très hauts personnages, des questions balkaniques ; rien n’a été écrit, mais on a été d’accord sur le principe d’une politique de statu quo et d’expectative. Dans le train qui emportait, entre Modène et Chambéry, le Tsar, M. Isvolski et M. Pichon, te même sujet a été abordé, dans le môme esprit. Dans la péninsule, M. Pachitch se félicite publiquement de I entrevue de Racconigi et le roi des Bulgares, se souvenant à propos de son goût très vif pour les plantes des hautes montagnes, vient faire une ascension en Serbie; il . . . II y rencontre le prince héritier ; des paroles cordiales