DANS LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 439 comme des renégats de ce que nous appelons, d’un grand mot assez pauvre de sens « la solidarité latine. » Persuadons-nous que, dans la situation actuelle de l’Europe, môme si la Roumanie n’avait pas pour roi un Hohenzollern, ses intérêts, le souci même de sa sécurité inclineraient sa politique du côté où nous la voyons pencher aujourd’hui. La Roumanie a besoin de vivre, de se développer j enchâssée entre des peuples slaves, elle est obligée de faire front de tous côtés et de chercher des soutiens parmi les nations qui ont des intérêts conformes aux siens. Les Allemands, depuis quelques années, ont habilement profité des liens dynastiques et politiques qui unissent leur pays à la Roumanie, pour y développer le commerce allemand et la « culture allemande. » L’appui de la cour n’a pas manqué à ces efforts pour germaniser les habitudes sociales, les lettres, la pensée. La langue allemande a fait quelques progrès dans le monde des affaires; les jeunes Roumains vont en plus grand nombre étudier dans les universités germaniques. Malgré ces symptômes alarmants, la germanisation de la Roumanie ne nous paraît ni proche, ni même probable; le génie latin, dont la race est imprégnée, s’insurge contre les disciplines tudesques qu’on voudrait lui imposer. La tendance actuelle des Roumains est bien plutôt de développer leur culture nationale, et pour y réussir, c’est parmi les peuples latins qu’ils iront chercher des modèles. La politique et les affaires peuvent orienter vers Berlin les hommes d’État roumains : primo vivere. Mais les « affinités électives » de la race restent latines et françaises : dein.dephilosophari ; sans parler des descendants des anciens boyards et des princes phanariotes qui viennent chez nous « philosopher » à la mode épicurienne, nos écoles accueillent un grand nombre de jeunes Roumains studieux; ils s’assimilent sans peine nos méthodes, nos lettres, nos arts,