UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? 453 plus arriver directement au but de leurs ambitions, cherchent à y parvenir par un détour. Parmi les projets de confédération balkanique, beaucoup sont l’œuvre d’écrivains panslavistes et s’inspirent des intérêts russes. N. R. Danilewski1 trace le plan d’une combinaison dans laquelle il fait entrer tous les Slaves : Constantinople deviendrait la métropole politique et la ville sainte de tous les orthodoxes, mais, temporairement, en attendant que les confédérés soient en état de la défendre, elle sera occupée par les Russes. Comme lui, le comte Kamarovski 2, professeur à l’Université de Moscou, voit la solution de la question d’Orient dans l’expulsion des Turcs d’Europe. Constantinople deviendrait la capitale de la fédération balkanique; son port serait ouvert au commerce de toutes les nations ; les fortifications des Dardanelles et du Bosphore seraient rasées. Entre l’influence russe et Constantinople s’interposerait seulement une poussière de petits États sur lesquels rayonnerait l’influence du grand empire slave. Ainsi, l’œuvre de San Stefano, détruite à Berlin, se trouverait, par d’autres moyens et sur un autre plan, restaurée. En Allemagne et en Autriche, d’autres publicistes préconisent eux aussi une confédération, mais, cette fois, dans l’intérêt des Habsbourg et du germanisme. Ils attribuent à l’Autriche le rôle d’avant-garde de la « civilisation germanique » dans les Balkans. Constituée elle-même par plusieurs populations de race et de langage différents, elle leur paraît plus apte qu’aucune autre puissance à réunir, sous le sceptre des Habsbourg, les nationalités danubiennes et balkaniques; elle les absorberait de proche en proche, une à une, et réaliserait, dans l’intérieur de l’Empire, l’union des !• La Russie et l’Europe. Saint-Pétersbourg, 1889. 2. La Question d’Orient. Revue générale de droit international public, juillet 1896.