28 INTRODUCTION terre qu’elle n’a plus rien à attendre de l’ancienne amitié allemande; mais la vieillesse de la reine Victoria et celle de lord Salisbury maintiennent les anciennes traditions diplomatiques. L’avènement d'Edouard VII va donner un autre cours à la politique britannique. IV Aux fêtes jubilaires de la reine Victoria, en 1897, le peuple anglais avait célébré lui-même sa propre apothéose ; il avait magnifié son propre génie en exaltant « Sa Gracieuse Majesté » ; dans la rade de Spitehead il avait contemplé avec orgueil ses vaisseaux innombrables ; il avait glorifié la Grande-Bretagne, dans son « splendide isolement », étendant son hégémonie sur les mers et les continents lointains. Et voici qu’au moment où la souveraine dont le monde disait : « la Reine », comme jadis, de Louis XIV, il avait dit « le Roi », descendait au tombeau, le 22 janvier 1901, toute cette gloire et toute cette puissance paraissaient sur le point de s’abîmer dans les steppes solitaires du Transvaal ; l’Europe frémissante découvrait les pieds d’argile du colosse : l’Angleterre anxieuse se demandait s’il suffirait de quelques paysans pour tenir en échec toutes les forces de l’Empire ; les plus lourdes responsabilités allaient peser sur les épaules du nouveau roi. Le prince de Galles devenait roi à soixante ans. Il avait constamment vécu loin de la politique; on l’en croyait fort détaché et l’on se demandait si la fréquentation des hommes de sport et des sociétés où l’on s’amuse était une préparation suffisante au gouvernement d’un immense empire. La Reine, depuis longtemps, abandonnait à son fils les fonctions officielles de représentation et de parade; les réceptions, les inaugu-