LE MONTÉNÉGRO ET SON PRINCE 367 tagnards, maintenu la paix, et l’on a vu, en 1883, le descendant des anciens preux, le fils deMirkole Brave, lui-même vaillant tueur de Turcs dans les guerres de sa jeunesse, rendre visite, dans Constantinople, au sultan Abd-ul-Hamid. Cet acte, significatif entre tous, a rendu manifeste à tous les yeux que le temps des croisades est passé et que l’âge politique commence. Entre la Turquie et le Monténégro, les relations officielles sont restées pacifiques, mais on ne change pas, en quelques années, des coutumes et des haines séculaires; sur la frontière, où s’enchevêtrent les terrains de pâturage et où certaines tribus, tant albanaises que monténégrines, ont été séparées en deux fractions par une limite artificiellement tracée, des coups de fusil sont fréquemment échangés ; il n’y a presque pas de jour où la poudre ne fasse résonner les échos de la montagne. On vit, en 1907, le bataillon de Kolaschin passer la frontière, commandant en tête, pour porter secours à une fraction d’une tribu monténégrine molestée par les Albanais du sand-jak de Novi-Bazar : il y eut combat en règle avec morts et blessés, suivi de longues négociations diplomatiques. Le 11 janvier 1910, les journaux signalaient un combat où plusieurs Turcs auraient été tués. Le prince s’oppose tant qu’il peut aux incursions sur le territoire voisin, même quand les « frères slaves » crient au secours. En 1909, il a même esquissé, vis-à-vis des Albanais, Une politique toute nouvelle. C’était au fort de la crise provoquée par l’annexion de la Bosnie. Le prince redoutait, si la guerre venait à éclater, d’être pris à revers par des bandes albanaises à la solde de Vienne. Le recrutement de montagnards Malissores, par le consulat d’Autriche à Scutari, se faisait au grand jour; le consul laissait dire qu’après la victoire, l’Autriche rendrait Dulcigno aux Albanais ; les contingents à fournir par chaque tribu étaient fixés d’avance et chaque futur combattant recevait un « napo-