DANS LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 403 et sur le Bas-Danube ; courbés toujours, changeant de maîtres souvent, ils ont, à force d’énergie, de patience et d’humilité, survécu au cimeterre des Janissaires, au sabre des Houzards, à la rapacité des Phanariotes; ils ont sauvé leur langue et leur individualité et ils s’épanouissent aujourd'hui en une nationalité vigoureuse, pleine de sève, iière de sa jeunesse retrouvée et de son avenir espéré. La nation roumaine affirme sa personnalité et prend conscience de sa valeur à mesure que l’instruction et l’aisance se répandent, et, en même temps, grandit en elle le désir de s'affranchir de toutes les tutelles et de développer toutes ses facultés. Cette aspiration générale caractérise aujourd’hui les progrès de la Roumanie ; politiquement et économiquement, elle cherche à se suffire à elle-même, à s’émanciper en se différenciant. Le Roumain indigène travaille, réussit, s’enrichit; une classe moyenne se forme qui tend à éliminer l'étranger parasite, à se défendre contre l’envahissement du Juif, pour profiter elle-même des richesses de son sol. Autrefois, en Roumanie, le Roumain peinait et l’étranger profitait; il en sera de moins en moins ainsi : le Roumain veut être maître chez lui. Celte tendance se marque et se marquera de plus en plus dans la politique extérieure du royaume, à mesure qu’il se dégage des hauts patronages qui ont abrité sa jeunesse. Nous ne voulons pas dire par là que la Roumanie cherche à se dégager de toute combinaison d’alliances ou d’enlentes. — de plus grandes qu’elle se gardent de le faire, — ni qu’elle puisse jamais prendre, en Europe, un rôle de premier plan : ses forces ne le lui permettraient pas. Mais ses alliances, ses amitiés, son attitude Politique dans les crises qui pourraient survenir, ne seront inspirées que par la seule considération de ses mtérêts nationaux. Ce sont précisément ces intérêts qui feraient une loi à la Roumanie, dans certaines circonstances, de s’entendre avec l’Empire ottoman. Nous