214 LA POLITIQUE EUROPÉENNE ranger; Triple Alliance et Triple Entente se donnaient l’une à l’autre des preuves de leurs dispositions pacifiques. N’étaient-ce là que des apparences, et faut-il n’y voir qu’une manœuvre de la diplomatie triplicienne pour isoler la Serbie et rompre la cohésion de la Triple Entente? Peut-être. En tout cas, la crise, qu’on avait pu croire finie, allait, en mars, devenir plus aiguë et plus dangereuse. III La Turquie, ayant obtenu satisfaction, se retirait de la lutte ; l’Autriche, en négociant avec elle, venait de donner une preuve de ses dispositions pacifiques; la Piussie aurait pu profiter de ce moment favorable pour abandonner la position diplomatique trop avancée qu’elle avait prise, la Serbie pour renoncer à des prétentions exagérées. L’apaisement général aurait pu se faire si chaque puissance avait pris acte de l’accord austro-turc et reconnu ainsi, indirectement, l’annexion. C’est le contraire qui se produit. Le 11 février, le roi de Serbie constitue un nouveau Cabinet, composé des chefs de tous les partis, présidé par M. Novakovitch : c’est un Cabinet de combat qui n’a pas d’autre programme que la résistance à l’Autriche. A Constantinople, l’intransigeance des Jeunes-Turcs, encourages par certaines ambassades, traîne en longueur les pourparlers avec l’Autriche et la Bulgarie; l’accord avec 1 Autriche n’est signé que le 26 février, l’accord avec la Bulgarie plus lard encore. Tout est remis en question • les polémiques de presse s’aigrissent; les journaux de Vienne sont très belliqueux, on arme, on mobilise, on concentre des troupes vers les frontières serbe et mon-