LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 3î> de l’Allemagne menaçante; mais cette attitude même, dont le Cabinet de Berlin ne sut pas comprendre la signification, fortifia les ententes nouvelles. A la Conférence d’Algésiras, elles donnèrent la pleine mesure de leur efficacité. M. André Tardieu1 a parfaitement montré la physionomie, le véritable enjeu et les résultats de cette grande passe d’armes diplomatique. Non seulement l’entente franco-anglaise et l’alliance franco-russe s’y montrèrent inébranlables et en sortirent fortifiées, mais l’Espagne, le Portugal et, quoique membre de la Triple-Alliance, l’Italie, se serrèrent autour du groupe des puissances occidentales, tant les procédés de la diplomatie allemande pour affirmer et imposer sa suprématie avaient alarmé les peuples et les gouvernements! Au vote du 3 mars 1906, l’Allemagne n’eut, pour elle que la voix de l’Autriche et celle du Maroc. Et ce fut l’Autriche qui proposa la transaction finale qui permit de sortir de l’impasse où l’inlransigeance du Cabinet de Berlin avait conduit la Conférence. La séduction et l’intimidation, tour à tour essayées, n’avaient pas été plus efficaces l’une que l’autre. Si Guillaume II s’était flatté que son ascendant personnel enchaînerait l’Italie à sa fortune, entraînerait les petits Etats, neutraliserait le Tsar, attirerait M. Roosevelt, l’expérience était concluante. Les journaux de Berlin avaient posé l’Allemagne en « tutrice des intérêts géné-' raux de l’Europe »; l’Europe répondait qu’elle n’accep-v tait aucune tutelle, mais qu’elle entendait maintenir l’équilibre. Le Cabinet de Londres, poursuivant ses succès et fidèle à sa méthode de réconciliations européennes, chercha à liquider, avec la Russie, les vieux litiges asiatiques pour aboutir à un accord général. « Une main dans l’alliance russe et l’autre dans l’amitié 1. La Conférence d’Algésiras. Alcan, 1907, in-8.