UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? 463 rait certainement pas à trouver des alliés solides au lieu des adversaires que la politique lui suggère aujourd’hui. — Les Slaves du Sud ne se font pas d’illusions : ils savent très bien que, sans une Russie forte, ils seraient condamnés à disparaître devant l’expansion si puissante de la race germanique. Et qui oserait leur faire un reproche, puisque avant tout ils tiennent à leur existence nationale et qu’ils cherchent à la défendre contre tous? « Ce n’est, d’ailleurs, pas le Cabinet de Pétersbourg seul qui pourrait recueillir d’immenses avantages en modifiant son attitude et ses visées; l’Autriche, elle aussi, en abandonnant ses prétentions de domination sur la Péninsule courrait la chance presque certaine de réaliser des avantages considérables, et, ce qui est d’une importance capitale pour elle, elle éviterait ainsi une collision menaçante. La puissance des Habsbourg a vécu et s’est développée bien plutôt grâce à sa politique qu’aux victoires de ses armées, et on s’étonne aujourd’hui des hésitations du Cabinet de Vienne devant une position aussi critique. On ne comprend pas qu’il ne prenne pas les devants pour prévenir les dangers qui ne peuvent manquer de lui surgir. « Nous convenons franchement qu’il n’est pas commode à l’Autriche-Hongrie d'abandonner aujourd’hui la Bosnie et l’Herzégovine, après avoir considéré ces provinces, dès leur occupation, comme ses premières étapes vers Salonique et comme la clef de sa domination sur la partie occidentale de la Péninsule. Nous n’ignorons pas non plus les inquiétudes que l’Autriche-Hongrie peut concevoir pour l’avenir de certaines de ses provinces du Sud, si un Etat slave réellement puissant se formait sur ses frontières. Mais sans vouloir préjuger un avenir lointain, et sans contester les conséquences éventuelles de l’évolution politique que subissent les sociétés modernes, il nous semble admissible cependant