ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 241 effets. C’est pourquoi la question du slavisme et celle de l’avenir de l’Empire ottoman restent les inquiétudes de demain. Post-scriptum. — La crise de Bosnie a été une passe d’armes européenne, un « conflit des alliances » ; ses conséquences ont été considérables. La crise aiguë s’est dénouée en mars 1909, mais elle a laissé derrière elle des amours-propres blessés, des intérêts lésés, des ambitions déçues. On a discuté longtemps, — par exemple dans la Fortnigtly Review, — sur les circonstances et les responsabilités. Lorsque deux groupements de puissances se font équilibre de très près, que leurs intérêts sont enchevêtrés dans toute une série d’alliances, d'ententes et de contre-assurances, il est naturel que le moindre déplacement de forces, que la moindre erreur de direction, prenne aussitôt l’importance d’un événement politique, d’un succès pour les uns, d’un échec pour les autres. Nous avons montré pourquoi l’issue de la crise de Bosnie a rapproché l’Allemagne de cette hégémonie européenne à laquelle elle aspire et dont la Conférence d’Algésiras l’avait éloignée. Les circonstances empêchaient la France et la Russie d’avoir les mains libres. La France était, comme nous l’avons indiqué, partagée entre le sentiment de son intérêt immédiat et celui d’un intérêt plus éloigné mais supérieur. Le premier lui conseillait de reconnaître, sans difficulté ni délai, le fait accompli par l’annexion de la Bosnie-Herzégovine; en servant ainsi, dans une passe difficile, la politique du cabinet de Vienne, elle pouvait amener non pas une rupture, mais un relâchement des liens de la Triple-Alliance. Le comte d’Æhrenthal ne cachait pas s°n désir de voir l’intervention qui assurerait la paix venir de Paris; il ne cacha pas davantage, après l’événe- 16