ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 235 Enfin elle est restée invariablement fidèle à l’entente cordiale avec la France et la Russie. Mais, dans l'exécution, son gouvernement paraît avoir manqué de décision et ses agents l’ont mis, parfois, en contradiction avec lui-même. Au moins dans les premières semaines, Londres a donné aux revendications des Serbes et des Monténégrins des encouragements dangereux qui ne pouvaient être suivis d’aucun concours effectif. La situation difficile du Cabinet libéral, l’extrême nervosité de l’opinion surexcitée par les polémiques quotidiennes au sujet de la flotte, expliquent en partie ces incertitudes dans l’application. A Vienne, la politique britannique a donné l’impression d’être dominée par la préoccupation constante de la rivalité maritime de l’Angleterre avec l’Empire germanique et d’avoir voulu faire payer à l’Autriche-Hongrie sa fidélité à ses alliances ; la presse anglaise et, sur le continent, les organes qui passent pour suivre les inspirations du For'eign Office, ont mené contre l’Autriche une campagne très vive : or il est toujours vain d’attaquer avec des mots lorsqu’on n’est pas décidé à aller jusqu’aux armes. La politique française a été très simple et très nette. Des conversations do M. Pichon avec M. Isvolski, et des déclarations publiques de ce dernier, il résultait que la Russie était résolue à s’en tenir, dans l’affaire de Bosnie, à une action diplomatique fondée sur le droit public européen : notre appui fut acquis d’avance à toute proposition ayant ce caractère. En face d’un confit diplomatique entre l’Autriche et la Russie, le rôle de la France était de soutenir son alliée, — elle n’y a Pas manqué, — mais aussi de préparer, par une politique de conciliation, l’entente finalement nécessaire : i ' ... cest ce qu’elle a fait. Elle a réussi à maintenir ses bonnes relations avec Vienne, afin d’être toujours en 8>tuation de servir de médiatrice entre les deux adver-