DE LA JEÛNE TURQUIE 103 pas donné les résultats qu’on en attendait. C’est un succès, cependant, pour la Jeune-Turquie, d’être arrivée, en franchissant heureusement les obstacles, jusqu’à la fin de cette troisième session. Comme le philosophe qui prouvait le mouvement en marchant, les députés ottomans ont prouvé le régime parlementaire en siégeant; mais c’est à peu près tout. La troisième session a fait moins de besogne utile que la deuxième, et la deuxième que la première; la ferveur se ralentit ; les députés se perdent dans la discussion d’infinis détails. Le Parlement a plutôt retardé la réorganisation effective du pays qu’il ne l’a aidée. La loi militaire, en discussion depuis deux ans et demi, n’est pas achevée; la loi des vilayets n’est pas commencée. Le Parlement n’a même pas réussi à amender les lois mauvaises ou dangereuses que lui soumettait le gouvernement : il a voté l’article 4 de la loi sur les associations qui interdit toute association politique établie sur la base ou sous le nom d’une nationalité et qui a fait l’effet, aux non-turcs, d une véritable provocation; il a permis l’application brutale, en Macédoine, de cette pseudo-loi sur les bandes qui n’a jamais été ni discutée ni votée par le Parlement. Lorsque le pouvoir exécutif a décidé, contrairement à la Constitution, de prolonger sans terme lixe l’état de siège qui existe déjà depuis plus de deux ans à Constantinople, alors que la tranquillité de la ville n’est pas menacée, la Chambre, comme son règlement lui en donne le droit, a refusé de permettre à un député de l'opposition d’interpeller le ministre responsable. Le travail de révision de la constitution est stagnant, La Chambre a voté 119 articles, mais le Sénat n’en est qu’au vingt-huitième1. L’opposition est incohérente ; elle est composée de petits groupes nationaux isolés. Le Sénat et la (1) Voyez les textes révisés dans le chapitre Empire ottoman de La vie politique dans les Deux Mondes, aunée 1909-1910, p. 334 (Alcan