ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 231 delà desquelles l’expansion autrichienne vers le Sud deviendrait le plus dangereux des leurres. Le geste du vainqueur de Sadowa l’y pousse; est-ce une raison pour qu’elle s’y laisse entraîner? Une politique d’émancipation slave poussée jusque dans les Balkans ne peut manquer d’amener une mésintelligence radicale et probablement un conflit entre l’Autriche-Hongrie et la Russie pour le plus grand profit de la Prusse. La leçon des événements de 1908-1909 est, à ce point de vue, assez éloquente pour ne pouvoir être méconnue. En face d’une Russie hostile, le Cabinet de Vienne sera toujours obligé de faire appel au concours de Berlin. Il en sera ainsi, mécaniquement, chaque fois que l'Autriche s’engagera trop avant dans la politique balkanique. Nous l’avions écrit dès le début de la crise1 et nous n’avons rien à retrancher de ce que nous avons dit, au contraire : expansion au Sud, pour l’Autriche, égale péril au Nord. L’article de la Deutsche Revue proteste, non sans raisons, contre l’opinion, propagée par certains journaux étrangers, qui assimile l’expansion autrichienne à une expansion allemande et attribue à l’alliance austro-allemande un but pangermaniste. 11 faut en effet se garder de confondre le groupe bruyant mais peu nombreux des pangermanistes avec la masse patriote et nationaliste des Allemands d’Autriche; il faut aussi tenir compte des autres races. 11 est certain que l’Autriche, aujourd’hui plus que jamais, veut être elle-môrne etavoirsa politique indépendante; elle l’a prouvé en s’engageant dans l’affaire de Bosnie; son but, en créant une ilotte puissante, est moins de faire dans la Méditerranée la politique de l’Allemagne que d’y affirmer sa propre personnalité. La grande puissance danubienne entend devenir un rempart aussi bien contre le pangermanisme prussien que contre le pan- Ci-dessas, page ISS.