180 l’annexion de la bosnie-herzégovine tains milieux, on souhaiterait que l’Autriche adoptât. En voici le résumé substantiel : «... Abstraction faite de l’Italie et des États balkaniques, il ne reste, parmi nos adversaires, que l’Angleterre et la Russie qui n’ont pas la force nécessaire pour prononcer le mot décisif : l’Angleterre, parce qu’elle redoute l’Allemagne et n’ose pas envoyer beaucoup de bateaux dans la Méditerranée; la Russie, parce qu’elle connaît l’antipathie de son peuple pour la guerre et la faiblesse de son armée, et parce qu’elle redoute une révolution intérieure en cas de guerre. La France n’a pas d’intérêts dans les Balkans; elle préfère conserver de bons rapports avec ses deux voisins de l’Est que de tirer les marrons du feu pour deux amis plus faibles et moins sûrs. Soyons donc rassurés du côté de la Russie et de l’Angleterre... « Les chiens qui aboient beaucoup ne mordent guère », dit le proverbe... L’Italie compte très peu... « L’Autriche a laissé passer l’occasion; au moment où ses monitors se sont approchés de Belgrade, elle aurait dû mettre la main sur la ville ; l’ennemi, qui n’était pas préparé à la guerre, aurait été rapidement battu. A notre grand regret, notre diplomatie a été tellement embarrassée par son premier pas qu’elle n’a point osé en faire un second. Au point de vue militaire, l’état-major est injustifiable de n’avoir pas eu recours rapidement aux moyens extrêmes. Le conflit avec la Serbie et le Monténégro est inévitable; plus tard il se produira, plus cher il nous coûtera en matériel et en hommes. L’armée serbe s’organise avec le temps; elle a maintenant ses canons du Creusot presque au complet... L’Italie est notre alliée, mais elle prépare la guerre contre nous... Nous n’osons pas marcher en avant, et nous ne pouvons pas déposer les armes avant d’avoir obtenu l’hégémonie dans les Balkans et d’en avoir éloigné l’influence des autres puissances. Pour