190 l’annexion de la BOSNIE-HERZÉGOVINE des Détroits, celle de Crète, pourront faire l’objet d’accords séparés; il est préférable qu’elles ne soient pas introduites à la Conférence. Celle-ci s’en tiendra donc aux difficultés soulevées par l’annexion de la Bosnie-Herzégovine, la déclaration d’indépendance de la Bulgarie et la question des Chemins de fer orientaux. Il pourra être entendu d’avance, entre les principaux intéressés, que la discussion aboutira à la reconnaissance du fait accompli, mais il est impossible d’admettre que la Conférence n’ait pas la faculté d’en délibérer. Le différend actuel entre Péters-bourg et Vienne porte, dit-on, sur le désir de l’Autriche que l’annexion soit considérée comme acquise avant tout débat; on voudra sans doute se souvenir, au Ball-plalz, qu a la première séance du Congrès de Berlin, Bismarck déposa, sur la table du Congrès, le texte intégral du traité de San Stefano pour être soumis aux critiques et aux amendements de la haute assemblée. 11 est notoire que la Bosnie-Herzégovine ne souhaite pas redevenir turque ; il est certain que l’Autriche n’admeltrait pas qu’elle devint Serbe ou Monténégrine. Elle ne peut donc que rester autrichienne. Mais l’intérêt de l’Autriche-Hongrie, si elle ne veut pas créer sur son flanc méridional « une nouvelle Pologne », est de lui accorder sans délai un statut constitutionnel avec une certaine autonomie administrative et de lui donner des garanties contre un régime qui gouvernerait dans l’intérêt unique de la minorité catholique ou de la colonisation germanique, au détriment de la grande majorité orthodoxe et musulmane1. Il n’y aurait rien d’humiliant pour l’Autriche à déclarer à la Conférence qu’elle est résolue à le faire. Elle pourrait aussi s’en rapporter aux puissances pour fixer la part de la dette ottomane qui revient à la Bosnie. 1 Orthodoxes : 43 pour 100 (760.000); — musulmans : 35 pour 100 (590.000); — catholiques : 21,30 pour 100 (360.000).