LE BOYCOTTAGE 277 chiens et somment Ja clientèle cle déserter les magasins autrichiens; une édition supplémentaire du journal Yeni Osr, feuille semi-officielle, explique au public la nécessité et la légitimité du boycottage : « Le moins qu’une nation puisse faire, écrit-il, lorsqu’une autre puissance lui crée d’offensantes difficultés, c’est de manifester son mécontentement en ne traitant plus avec elle... D’ailleurs, au lieu de recevoir des marchandises de camelote provenant des fabriques autrichiennes, il serait à coup sûr plus logique de nous fournir de bonnes marchandises anglaises et françaises. » En quelques heures, le boycottage est complet, les magasins mis à l’index sont désachalandés. Le Tyrol, du Lloyd, étant arrivé de Trieste dans l’après-midi du 11, l’agent de la Compagnie envoie réquisitionner les mahonniers pour opérer le déchargement du navire ; pas un seul ne se rend à son appel; la promesse d’un double salaire pas plus que les menaces, ne peut décider à travailler ni un seul musulman, ni un seul de ces Juifs, d’ordinaire Sl âpres au gain, qui, sur les quais de Salonique, guettent l’arrivée des bateaux. Le Consul général (1 Autriche se rend chez le vali et lui demande de requérir ta police; Danisch-bey lui répond qu’il réprimera sévèrement tout acte de violence, toute tentative de désordre, mais qu’il ne peut rien faire contre la grève es hras croisés. L’agent du Lloyd se rend alors chez un gros négociant de la place, destinataire d’une °nne partie des marchandises apportées par le Tyrol e! 1 invite à en prendre livraison puisque aussi bien il ueyra régler ses factures à Trieste ; il n’obtient que cette j e réponse : « Je ne vois nullement la nécessité de plre honneur à mes engagements quand l’empereur ' friche vient de renier les siens. » Le Tyrol doit repartir sans avoir débarqué une tonne de marchan-Un vapeur bulgare, arrivé le même jour avec o sacs de farine, n’est pas plus heureux : les por-