306 LA QUESTION ALBANAISE vent à des beys, véritables seigneurs féodaux, et elle est cultivée par des familles de colons dont le chef répartit les besognes agricoles et pastorales entre les membres. L'autorité appartient à un conseil de chefs de famille qui rendent une justice arbitrale en se conformant aux coutumes. Deux curés mirditesont recueilli, il y a quelques années, les coutumes de leurs tribus1. On y trouve la pratique du levirat qui existait chez les Hébreux, c’est-à-dire l’obligation pour le frère d’épousor la veuve de son frère mort sans enfants; la preuve faite devant le tribunal arbitral par serment des parties, assistées de co,ureurs; la fraternité factice, institution complémentaire de la paternité adoptive ; enfin et surtout la « vengeance du sang », avec le système des compositions comme dans l’ancien droit germanique. La pratique régulière, obligatoire, des vendettas, tient une très grande place chez les Arnaoutes et exerce une influence souveraine sur leur vie et leurs mœurs. Le sang versé ne s’efface que par du sang ; celui qui a un meurtre à venger est déshonoré, tant qu’il n’a pas tué le meurtrier ou un homme de sa famille ou de sa tribu ; mais dès qu’il a « repris le sang », il devient un héros que l’on honore et dont on célèbre la vaillance jusqu’à ce qu’il tombe lui-même victime de la même loi de talion ; et ainsi, de « sang » en