LE BOYCOTTAGE 275 lences qui déconsidéreraient une juste cause : « Pour ne pas acheter dans un magasin, il suffit simplement de ne pas y aller. Il est absurde et superflu d’aller manifester devant ces magasins et crier que désormais on n’y achètera rien 1. » A un grand meeting tenu le 13 octobre dans la cour de la mosquée du Sultan Achmet, des orateurs de toutes les nationalités, un Turc, un Grec, un Israélite, un Arménien et un Arabe dénoncent la déloyauté de l’Autriche et prônent le boycottage ; un grand cortège parcourt Stamboul et Péra, et vieut pousser des acclamations devant les ambassades de France et d’Angleterre. L î 18 un meeting d’Israélites auquel assistent plus de 3.000 membres de la colonie juive, décide de participer au boycottage. Le fez, la coiffure nationale des Ottomans, dénoncé comme fabriqué en Autriche, est proscrit ; on voit les « patriotes » déchirer publiquement leur fez rouge et arborer le fez blanc ou le kalpack d’astrakan noir; on parle de mettre au concours une coiffure nationale et l’on voit, dans les rues, à Constantinople, à Smyrne, à Trébizonde, des manifestants décoiffer les passants qui portent un fez rouge. Mais le boycottage le plus efficace, ce furent les plus humbles et les plus pauvres des Ottomans qui l’exécutèrent. Les harnais et les mahonniers sont les auxiliaires indispensables du commerce : les hamals sont ces portefaix « forts comme des Turcs » que l’on rencontre, dans les rues étroites des villes d’Orient, ployant sous le poids d’invraisemblables fardeaux; les mahonniers sont les patrons de ces allèges ou mahonnes grâce auxquelles on charge et décharge les navires partout !• Cité par M. Léopold Dor dans sa très intéressante conférence à la s°ciété d’études économiques de Marseille, publiée sous ce titre : Le boycottage des marchandises et des navires autrichiens en Turquie et •son influence sur le commerce français (Marseille, Barlatier). Nous avons fait plus d'un emprunt à cette brochure.