LE BOYCOTTAGE 269 intervention collective, fondée sur l’article 14 du traité franco-chinois de Tien-Tsin, dont les dispositions ont été reproduites dans tous les traités entre la Chine et l’Europe. Mais comment intervenir dans une affaire qui résulte, non pas d’un acte du gouvernement chinois, mais de décisions prises par des associations commerciales sur qui le gouvernement, et à plus forte raison les étrangers, n’ont aucune prise ? Le corps diplomatique s’abstint sagement d’une démarche qui ne pouvait aboutir qu’à de vaines paroles. Le boycottage suivit donc son cours rigoureux dans quelques villes., plus relâché dans d’autres, mais partout dangereusement efficace ; le commerce américain subit des pertes considérables que l’on évalue à plus de cent millions de francs *, et le président Roosevelt dut amender les règlements sur l'immigration des Chinois. Les plus chaleureux encouragements au nationalisme chinois étaient venus, durant toute cette crise, de la presse et de l’opinion japonaise ; le commerce nippon espérait recueillir les bénéfices du boycottage et supplanter ses concurrents américains. Un diplomate européen pouvait écrire à son ministre : « Ces manifestations sont sinon provoquées, du moins certainement organisées par les Japonais : is fecit cuiprodest. » Les journaux prônaient le boycottage et avertissaient les Européens que le temps était passé où les peuples asiatiques subissaient sans protester les humiliations étrangères. Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner autrui, Qui souvent s’engeigne soi-même. !• Ventes américaines en Chine pendant les sept premiers mois de : 1905 ............ 185.906.100 francs. 1906 ............ 103.060.955 — Différence en moins . . 82.845.145 francs.