182 l’annexion DE LA BOSNIE-HIÎHZÉGOVINE pouvoir, de leur propre initiative, réviser le traité de Berlin, c’est la Russie. En 1897, elle s’était mise d’accord avec rAutriche pour maintenir le statu quo dans les Balkans; la Russie étant occupée en Extrême-Orient, c’était l’influence autrichienne qui bénéficiait de cette situation ; ce fut cependant le baron d’Æhren-thal qui, le 27 janvier 1908, rompit le pacte en annonçant la reprise de la politique d’action autrichienne dans la péninsule. M. Isvolski en conçut un vif dépit. Mais du moins la Russie, affranchie de l'entenle de 1897, allait pouvoir reprendre sa politique traditionnelle d’influence et de protection dans les petits États slaves, d’autant mieux que les fêtes de Chipka et de Sofia semblaient avoir définitivement scellé sa réconciliation avec la Bulgarie. Lorsque, le 15 septembre 1908, M. Isvolski rencontra le baron d’Æhrenthal au château de Buchlau, chez le comte Berchtold, les deux ministres s’entretinrent avec confiance ; prenant en main le texte du traité de Berlin, ils en lurent tous les articles, et une conversation académique s’engagea sur les modifications éventuelles qu’il pourrait devenir opportun d’y apporter. C’est ainsi que M. d’Æhrenthal se persuada qu’il avait informé son collègue des projets qu’il allait mettre à exécution. La Bosnie incorporée à rAutriche, c’est la conséquence logique des prémisses posées à Reichstait en 1876 et à Berlin en 1878; la Russie n’a jamais consenti explicitement à l’annexion, mais l'acte de Reichsiadt peut être interprété comme impliquant qu’elle s’en remet à rAutriche du sort de la Bo-nie. Donc, ici, c’est moins la matérialité des faits qui a blessé le gouvernement et le peuple russe que la manière dont ils ont été réalisés. En même temps que l’annexion de la Bosnie, la Russie apprenait que la Bulgarie proclamait son indépendance et que le prince Ferdinand prenait le titre de tsar des Bulgares. La visite du prince à François-