DANS LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 421 qu’elle pouvait tirer de ce! « frères séparés » ; elle organisa parmi les Yalaques du Pinde une propagande qui tendait à séparer de l’hellénisme les populations de langue roumaine pour en constituer une nationalité à part. En réalité, ces Koutzo-Valaques, dont, au xua siècle, le voyageur juif Benjamin de Tudèle signalait déjà l’existence dans le Pinde, sont les descendants des paysans macédoniens romanisés, refoulés dans les montagnes par les invasions slaves, de même que les Roumains sont les descendants des colons de la Dacie réfugiés dans les Garpathes. La propagande roumaine, appuyée d’arguments sonnants et trébuchants, encouragée au début par l’Autriche, favorisée par les autorités ottomanes qui se servaient volontiers du « roumanisme » pour battre en brèche 1’ « hellénisme », obtint de faciles succès. En 1905, le très distingué ministre de Roumanie à Constantinople, M. Alexandre Em. Lahovary, aujourd’hui ministre à Paris, obtint du sultan Abd-ul-Hamid la reconnaissance officielle de la personnalité nationale des Yalaques de Turquie. Le gouvernement du roi Carol se trouvait dès lors qualifié, au cas où les propagandes nationales eussent abouti à un partage de la Macédoine, pour réclamer sa part ou obtenir des compensations. Si au contraire la Macédoine était devenue, sous le régime européen des « Réformes », une sorte de province privilégiée presque autonome, la Roumanie aurait eu voix au chapitre dans sa constitution. Vers la même époque, les Roumains s’intéressaient à la reconnaissance de la langue et de la nationalité albanaises1. Il semble qu’on ait un moment pensé, à Bucarest, à constituer un grand État albanais-valaque, entre 'Adriatique et, le Yardar, sous le double patronage de *a Roumanie et de l’Italie. C’était aussi le temps où, dans un livre dont nous avons eu plusieurs fois l’occa- Voyez ci-dessus, chap. vi, la Question albanaise, p. 312.