380 CINQUANTE ANS DE RÈGNE monarchie est constitutionnelle, elle n’est pas parlementaire. Le jour de la Saint-Nicolas 1905 (6-19 décembre), la première Skoupchtina monténégrine, très librement élue, se réunit à Cettigne. Le prince prononce un discours du trône, brillante et véridique apologie de son règne. Après avoir rappelé les bienfaits du régime ancien, il explique la nécessité d’un régime plus moderne; il a l’espoir que les Monténégrins sauront avec sagesse se serrer autour de leur prince pour réaliser plus de bien encore. Puis il trace un tableau de la situation du Monténégro parmi les nations et rappelle avec fierté les hautes amitiés qu’il a assurées à son peuple. Il en vient enfin à la Constitution : « Cette constitution, j’en suis le père; un père pourrait-il jamais mutiler son enfant?... je demande à mon peuple obéissant et fidèle de régler sa conduite d’après la constitution nouvelle; qu’il la soutienne et la défende comme il défendrait ma propre personne; rien ne me serait plus pénible que d'entendre dire : « Dans un moment d’enthousiasme, le vieux prince s’est trop hâté, considérant son peuple comme plus avancé qu’il ne l’est réellement. » Prenez garde, Monténégrins, que l’on ne puisse jamais dire du mal de vous et du bièn de moi, car le peuple m’est plus cher que ma propre vie et son renom m’est plus précieux que le mien. Si cela advenait jamais, je maudirais ce jour, et la malédiction paternelle est lourde... A la face de Dieu, de tous les anges et de tous les saints et devant l’assemblée de mon cher peuple, je jure de régner fidèle à cette constitution et aux lois et de tendre de toutes mes forces au bien et au bonheur de mon pays *. » Et, le premier, il prêta serment au milieu d une immense allégresse populaire. (1) Voyez le discours, ainsi que la proclamation du prince, dans la Revue Slave du mois d’avril 1906.