UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? 459 sances que les autres s’empressent de contrecarrer. Aussi, jusqu’à la révolution turque de 1908, ne voyons-nous pas que, malgré les vœux des populations et les efforts de quelques hommes convaincus, l’idée ait fait un pas décisif vers la réalisation. Une solution impliquerait d’abord l’expulsion des Turcs d’Europe et de grands remaniements territoriaux, c’est-à-dire une crise ¡européenne et probablement une guerre générale; aussi personne n’ose-t-il en prendre l’initiative. Les savants, les professeurs, les publicistes s’évertuent en vain à démontrer les mérites de l’idée fédérative ; les hommes d’Etat hésitent à les suivre : le risque est trop gros. II La révolution turque de juillet 1908 a modifié profondément l’aspect et les données du problème. Les grandes puissances et les petits Etats balkaniques eux-mêmes, — les récentes visites royales à Constantinople en sont la preuve, — sont d’accord pour laisser à la Jeune-Turquie le temps de faire ses preuves. Si elle échoue dans son œuvre de réorganisation et de « modernisation », la preuve sera faite que la race ottomane est incapable de se régénérer par elle-même et, de nouveau, il pourra être question de lui substituer d’autres peuples. Si au contraire elle réussit, l’Em-pire ottoman régénéré gardera sa place dans l’Europe orientale. Ce n’est donc plus d’une confédération destinée à remplacer la Turquie qu’il s’agit pour le moment, mais d’une combinaison qui la consoliderait en réglant ses rapports avec les Etats balkaniques et en la mettant à l’abri de toute ambition étrangère. Plus