LE MONTÉNÉGRO ET SON PRINCE 373 dation de l’Empiredes Balkans? Quand les ancêtres des Karageorges gardaient les porcs dans les forêts soumises aux Turcs, les Petrovitch étaient déjà les fiers vladikas de la libre Tchernagora. Le prince Nicolas regarde Belgrade comme le foyer dangereux d’où souffle, jusque dans ses montagnes, l’esprit révolutionnaire. Nous verrons comment 1’ « affaire des bombes » a fortifié chez lui cette conviction et rendu très mauvaises les relations entre Belgrade et Cettigne. Il fallut, pour opérer une réconciliation, l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche. Quand, le 5 octobre 1908, éclata cette nouvelle, la poussée de l’opinion publique fut plus forte que les défiances des souverains. Le ministre de Serbie qui, à peine installé à Cettigne, avait dû en partir lors du « procès des bombes », y rentra triomphalement, tandis que le général Vouko-titch, envoyé à Belgrade, y était accueilli avec enthousiasme. A Cettigne, dans les premiers jours de la crise, des télégrammes, venus de Pétersbourg et de Londres, encourageaient le prince à la résistance. Les Monténégrins coururent aux armes et bordèrent leurs frontières, tandis que les Autrichiens concentraient des troupes à Cattaro et à Trébigne. On se demande pourtant si le prince Nicolas et ses ministres crurent réellement à l’imminence d’un conflit armé. Dès l’entrevue de Salzbourg (4 septembre), entre le baron d’Æhrenthal et M. Tittoni, celui-ci avait été rassuré sur les conséquences de l’annexion; quelque temps après, il avait déclaré dans un discours que l’Italie aurait des satisfactions et qu’elles consisteraient en un avantage pour le Monténégro, la libération du port d’Antivari et la modification de l’article 29 du traité de Berlin. II est permis de croire que la diplomatie autrichienne ne laissa pas ignorer ses dispositions au prince Nicolas. En avril 1909, lorsque la crise fut entrée dans la voie des solutions, parole fut tenue au Monténégro qui sut