LE MONTÉNÉGRO ET SON PRINCE 383 décidant qu’une enquête serait faite sur la gestion des fonds publics pendant les dix années précédentes. Le prince lui retira sa confiance au bout de trois mois et appela M. Toman ovitch avec un ministère de « réaction » qui est encore en fonctions aujourd’hui. La Skoupch-tina, d’abord ajournée pour trois mois, fut dissoute eu juillet 1907; une autre fut élue en septembre et, grâce à une énergique pression, fut presque unanimement ministérielle. Le règne de la terreur commençait au Monténégro ; la « malédiction paternelle » s’abattait sur l’enfant accusé d’ingratitude. Un prince, parvenu aux alentours de la soixantième année, peut accorder des réformes à son peuple, il ne peut pas.arracher de son esprit, ni surtout de son cœur, les idées et les sentiments de sa jeunesse. Le prince Nicolas est resté l’homme qui a souvent dit qu’il voulait mourir « le dernier souverain féodal de l’Europe. » Il a fait, sur lui-même l’effort méritoire d’accorder une constitution, mais il l’a conçue avec son esprit habitué au gouvernement patriarcal. 11 n’a vu que les hommes de sa génération ; il s’est représenté une Skoupchtina qui serait composée de ses vieux compagnons d’armes, qui donnerait, surtout pour le décor, pour le dehors, une figure nouvelle à son gouvernement, mais qui n’en changerait pas l’assiette et qui lui laisserait à lui-même toutes les réalités du pouvoir. Je veux bien un parle ment, disait-il en inaugurant la seconde Skoupchtina, mais je ne veux pas d’opposition! Et voici qu’apparais-saient des hommes nouveaux, avec d’autres conceptions; ils lui étaient tous fidèlement, filialement dévoués, mais les fils ne sont pas les pères ; le prince fut froissé de rencontrer, chez ses ministres, des idées différentes des siennes, parfois des résistances. 11 fut question d économies, par exemple sur certaines dépenses de la ^°ur : le prince en fut vivement blessé. Certains actes es ministres, souvent dénaturés par des personnages