l’annexion de la bosnie-herzégovine 165- l’église orthodoxe de Bosnie, donna à ¡’Empereur la nomination des évêques ; la présentation par le saint-synode ne fut plus qu’une formalité; dans beaucoup de paroisses, le pope devint l’homme de Vienne : le peuple déserta ces églises. Quant aux musulmans, qui sont les anciens seigneurs serbes, passés à l’Islam pour garder leurs terres et leurs droits féodaux, les gouverneurs autrichiens s’attachèrent à les gagner par de bons procédés ; ils parurent, d’abord, y avoir réussi ; mais l’administration se fit si tracassière, ses tendances devinrent si nettement germaniques, que les anciens begs se souvinrent de leurs origines et qu’un rapprochement se fit entre les deux fractions si longtemps ennemies. La minorité croate et catholique a préparé l’annexion; l’archevêque de Sarajevo, Mgr Stadler, qui a dirigé la propagande en Bosnie, en a été l’un des plus zélés promoteurs; son rêve serait d’unir, dans la foi catholique et dans la monarchie habsbourgeoise, toute la famille des Slaves du Sud; mais sa politique, se réclamant du patronage ostensible de Vienne, est suspecte aux Serbes pour qui la foi orthodoxe apparaît comme la sauvegarde et le lien de leur nationalité. Combien il était mieux inspiré, ce grand chrétien, ce patriote clairvoyant qu’était Mgr Strossmayer, quand il préconisait l’union des Slaves du Sud dans une confédération où chaque fraction de la famille conserverait sa religion et son individualité ! Le baron d’Æhrenthal allègue qu’il s’est résolu à l’annexion parce que, tant que les deux provinces ne faisaient pas partie intégrante de l’Empire, il était impossible de leur donner des institutions représentatives ; mais, en attendant, une véritable persécution sévit contre tous les Serbes, avec des procédés qui rappellent Metternich et le temps où les patriotes italiens remplissaient les cachots du Spielberg. Les patriotes serbes, les publicistes courageux qui ont osé blâmer l’annexion,