LE BOYCOTTAGE 283 ment; les annulations décommandés déconcertaient la production et faisaient redouter aux industriels de perdre les marchés duLevant1. On redoutait une extension du boycottage à l'Egypte, à la Serbie, au Monténégro; les propriétaires roumains, exaspérés du refus de l’Autriche de leur accorder des concessions pour l’entrée de leur bétail, prônaient l’emploi du boycottage si les négociations commerciales commencées avec l’Autriche tardaient trop à aboutir. Négociants, industriels, armateurs, alarmés se tournaient du côté du gouvernement, réclamant une intervention énergique de la diplomatie et des réprésailles économiques telles que l’interdiction de toute importation austro-hongroise en Turquie, au besoin même une action navale et militaire. A Constantinople, le margrave Pallavicini, d’abord, parla haut, se plaignit vivement au ministre des Affaires étrangères et au grand vizir ; ceux-ci avaient beau jeu pour arguer de leur impuissance en face d’un mouvement spontané et populaire, et pour alléguer l’impossibilité d’obliger les Ottomans à acheter du sucre autrichien ou la corporation des mahonniers à décharger les bateaux du Lloyd. Bientôt l’ambassadeur menaça, si le boycottage continuait, de quitter Constan- 1. Voici quelques chiffres significatifs : EXPORTATIONS AUSTRO-HONGROISES DANS L’EMPIRE OTTOMAN Novembre 1907 Novembre 1908 Fez. . ...................539 273 pièces 216 863 pièces Confections pour hommes. 796 quintaux 302 quintaux Lainages............683 — 263 — Sucre......................578 837 — 434 115 — Dentelles et broderies. . . 207 — 135 — Papier à cigarettes .... 2 908 — 854 — Papier à imprimer .... 10 667 — 9 205 — Le Dr Frédéric Karmienski, dans un article de la Neue Freie Presse du 6 janvier, visiblement destiné à rassurer l'opinion, reconnaît que le chiffre de cent millions, dont on a parlé au Parlement, n’est pas ®x»géré et représente à peu près les pertes du commerce austro-oongrois pour les derniers mois de 1908.