396 CINQUANTE ANS DE RÈGNE vail; elle restera la ville sainte, la Moscou de la Principauté, mais il faut créer Pétersbourg à Antivari ou à Podgoritza. Tels sont les angoissants problèmes qui se posent pour les Monténégrins. Ils ne veulent pas mourir, mais ils se demandent s’ils pourront vivre. Deux événements européens pourraient exercer une action décisive sur l’avenir du Monténégro. Le premier serait, en Autriche-Hongrie, la réalisation du « trialisme ». Si un grand Etat jouglo-slave, où entreraient la Croatie, la Bosnie, l’Herzégovine, la Dalmatie, était constitué, on se demande si le Monténégro, et même la Serbie, ne seraient pas entraînés à s’y agréger : le ruisseau se perdrait dans le grand fleuve. La formation d’une confédération balkanique, au contraire, ouvrirait pour le Monténégro, tel qu’il est constitué, et pour sa dynastie, des perspectives d’avenir; la Principauté tournerait son activité vers ces plaines et ces vallées de la péninsule où régnèrent jadis les grands Tsars slaves. Peut-être l’heure viendrait-elle, pour les Monténégrins, de s’y élancer de nouveau pour la guerre sainte qui chasserait enfin d’Europe l’ennemi héréditaire, le Turc. C’est l’espoir atavique qui survit au fond du cœur de tout Monténégrin. « Si les Serbes, les Bulgares et les Croates s’étaient fraternellement tendu la main, et si, appréciant à leur valeur les Grecs leurs voisins, ils avaient vécu en amis avec eux, d’autres chants retentiraient aujourd’hui du fier Olympe à la Drave. Hélas 1 c’est la haine qui a triomphé! » C’est un personnage de Y Impératrice des Balkans qui parle ainsi. Cette concorde qu’il a chantée comme poète, sera-t-il donné un jour à Nicolas Petro-vitchde la faire régner comme souverain? L’hégémonie de la confédération balkanique pourrait-elle échoir à sa dynastie? L’avenir nous l’apprendra. Mais, que ce soit là le rêve suprême de sa vie, le but secret de toute son activité, c’est Danitsa., l’héroïne de son drame, inter-