414 LA ROUMANIE tantinople, la nouvelle d’une convention militaire turco-roumaine, si bien qu’il est permis de se demander si cette révélation, vraie ou fausse, n’aurait pas été destinée à expliquer et à justifier l’attitude résolument pacifique du roi Ferdinand ; l’auteur de cette utile indiscrétion n’aurait fait, pour ainsi dire, que concrétiser en un fait significatif toute une situation politique sur laquelle il aurait voulu attirer l’attention. Une convention militaire turco-roumaine ne serait, en effet, que la traduclion écrite de la politique qui engage dans un même système la Triple Alliance et, avec elle, la Roumanie et, jusqu’à un certain point, la Turquie. Le roi Carol ne s’accommoderait pas aujourd’hui de la neutralité que Bratiano et Kogalniceano demandaient pour la Roumanie au Congrès de Berlin. Sur les confins de la péninsule Balkanique, il se regarde comme la sentinelle avancée delà Triple Alliance et du germanisme. L’Allemagne, dont l’influence est si forte aujourd’hui à Constantinople, ne peut qu’être favorable à une entente militaire entre la Turquie et la Roumanie. L’armée roumaine est exercée à l’allemande, elle a des canons Krupp et des fusils allemands, comme l’armée turque. Les grandes puissances préfèrent ne pas s’engager elles-mêmes dans les affaires balkaniques ; l’Allemagne, en particulier, trop éloignée pour s’y mêler directement, serait bien aise de trouver un prête-nom qui jouât son jeu et servît ses intérêts. La Roumanie se charge volontiers de ce rôle parce qu’elle y trouve son avantage. Si, en cas de conflit turco-bulgare, elle envoyait son armée prendre à revers les forces bulgares, elle agirait conformément aux vues du Cabinet de Berlin, mais aussi conformément à ses intérêts propres. La vitalité de la combinaison qui fait entrer la Roumanie dans l’orbite de la Triple Alliance s’est manifestée notamment dans l’été 1910 quand Hakki Pacha, ministre des Affaires étrangères ottoman, est venu