184 l’annexion de la bosnie-herzégovine les événements d’Orient. Lorsque Andrassy a lié partie avec Bismarck, le traité qu’il a signé était dirigé non pas contre la France, mais contre la Russie1; si l’Autriche garantit à l’Allemagne les bénéfices du traité de Francfort, l’Allemagne garantit à l’Autriche les bénéfices du traité de Berlin. L’Italie, ayant adhéré à l’alliance conclue par Andrassy et Bismarck, a pris les mêmes engagements ; mais il paraît certain qu’aujourd’hui une guerre entre la Russie et l’Autriche ne trouverait pas les armes de l’Italie du côté de son alliée. Il y a donc, ici encore, quelque chose de changé. Que la Russie et l’Autriche fassent partie d’alliances et d’ententes adverses, c’est ce qui donnait tant de prix à l’accord établi entre elles en 1897 et renouvelé à Mürzsteg. L’entente austro-russe était, entre la Tri-plice et la Duplice, la voie naturelle ouverte à d’utiles rapprochements, à des conversations nécessaires. La rupture de cette entente peut avoir les plus graves conséquences. Si l’Autriche-Hongrie se contente de suivre, à l’intérieur de ses frontières, une politique plus « slave », on peut espérer qu’un rapprochement avec la Russie redeviendra possible ; mais, si elle cherche à prendre, en face de la Russie, le patronage des Slaves du Balkan, la guerre deviendra inévitable. Or les savantes combinaisons de contre-assurances et de contrepoids, si efficaces pour le maintien de la paix, deviennent, une fois la guerre commencée sur un point, l’engrenage fatal qui y précipite tous les peuples. Qu’un (1) Andrassy, en 1880. écrivait au prince Carol de Roumanie : « Cette alliance sera durable et solide parce qu’elle ne va pas plus loin que les intérêts réciproques ne l’exigent et qu’elle ne les dépasse pas de l'épaisseur d’un cheveu, parce qu’elle n’impose à aucune des deux parties un sacrifice qui sorte des bornes de ses propres intérêts. Elle se limite à une défense naturelle contre un danger naturel. Elle a pour but suprême de réunir les deux États contre une attaque qui viendrait du côté de la Russie. » Cité dans le livre du baron Jean de Witte : Quinze ans d'histoire (1866-1881), d'après les mémoires du roi de Roumanie et les témoignages contemporains (Pion, 1905, in-8°, page 428).