264 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES que « bien accueillir des hôtes est un, acheter ou ne pas acheter des marchandises est autre » ; les dispositions de la foule sont si peu conciliantes, malgré les efforts du vice-roi, que miss Roosevelt, arrivée sur la canonnière américaine Callao, se résigne à débarquer à quatre heures du matin. La corporation des porteurs avait décidé qu’elle refuserait ses services à la fille du président des États-Unis et au secrétaire d’État; ni pour argent, ni par menace, il ne fut possible de trouver un seul porteur ; un missionnaire américain avait pris la précaution d’amener, de fort loin, des porteurs choisis parmi ses catéchumènes protestants; dès qu’ils eurent reçu la consigne des chefs de leur corporation, ces paysans, comme les citadins, se croisèrent les bras; miss Roosevelt dut se rendre à pied au Consulat des État-Unis, s’amusant en chemin des affiches placardées contre elle, dont personne, heureusement, ne lui expliqua le sens injurieux et grossier; puis elle s’enferma sous la protection du drapeau étoilé jusqu’à l’heure de son départ. M. Taft, lui non plus, ne traversa pas la ville; il se rendit à un banquet officiel où, dans un toast à la fois flatteur et menaçant, il rappela les services rendus par les États-Unis à la Chine, se plaignit que, malgré les traités qui assuraient la liberté du commerce, les marchandises américaines fussent traitées en ennemies, et laissa entendre que les États-Unis sauraient, même par la force, faire respecter leurs droits. Au moment de l’embarquement, une-foule hostile accueillit M. Taft et miss Roosevelt avec des sifflets et des huées. Quelques Américains de leur suite, qui avaient cru pouvoir se hasarder dans les rues de la ville, furent criblés d’œufs et de fruits pourris. Telle fut la visite à Canton de la fille du président Roosevelt et de son futur successeur. A quelque temps de là, le consul des États-Unis à Chang-IIai ayant imprudemment déclaré que leboycot-