LA ROUMANIE des paysans qui y vivent sont de race bulgare. Aussi est-il permis de croire que, sous une forme quelconque, entre la Sublime-Porte et Bucarest, le cas d’une agression bulgare a été envisagé, et que tout se passerait, en cas de guerre, comme si un accord avait été conclu. Le Roumain, se tournant vers son voisin Bulgare, lui tient à peu près ce langage : « Nous désirons être vos amis ; nous verrons toujours avec plaisir vos progrès économiques et sociaux, l’accroissement de votre richesse, de vos chemins de fer, de vos échanges, mais si vous vouliez faire la guerre aux Turcs pour porter vos frontières jusqu’à la mer Egée, réaliser la Grande Bulgarie de vos rêves ou créer une Macédoine indépendante qui serait nécessairement une Macédoine bulgare, prenez garde : nous mobiliserions nos troupes et pendant que vous descendriez sur Andrinople, nous marcherions sur Sofia, nous menacerions les derrières de votre armée, nous arrêterions ses progrès, ou, tout au moins, nous saisirions un gage qui nous assurât le droit d’être partie intervenante au traité de paix et de ne pas rester les mains vides tandis que vous garniriez les vôtres. » Ainsi menacée à revers pendant qu’elle combattrait de front contre les Turcs, la Bulgarie serait paralysée, d’autant mieux que sa formes allongée d’Est en Ouest et étroite du Sud au Nord, mettrait la base d’opérations de l’armée qui attaquerait Andrinople à quelques jours de marche des corps roumains. A plusieurs reprises, en ces dernières années, le gouvernement du roi Carol a nettement fait connaître ses intentions au Cabinet de Pétersbourg avec lequel il entretient des relations très confiantes ; les conseils pacifiques que le gouvernement du Tsar a fait, en diverses circonstances, entendre à Sofia s’appuyaient ainsi sur un argument singulièrement fort. On s’est étonné en Europe, on s’est indigné dans les milieux nationalistes bulgares ou macédoniens, de ce que le roi Ferdinand