480 UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? son point d’appui du côté de la Triple-Alliance, mais le sort des Roumains de Hongrie la préoccupe. Si une confédération danubienne venait à se former, la Roumanie ne refuserait sans doute pas d’y entrer : si elle était obligée de faire face au Nord, du côté de la Hongrie ou de la Russie, elle pourrait s’adosser au Danube et chercher des sympathies dans la péninsule. Dans la formation d’une alliance danubienne, l’initiative ne viendra pas de la Roumanie ; mais, dans bien des cas, son intervention pourrait être prépondérante. Un système d’alliances dirigé contre la Turquie ne pourrait agir militairement qu’avec l’agrément des Roumains qu’ils ne négligeraient sans doute pas de se faire payer. Le roi Ferdinand ne pourrait guère marcher contre les Turcs s’il n’obtenait d’abord l’assurance de n’être pas menacé, sur le Danube, par l’armée du roi Garol. S’il s’agissait d’une confédération générale, dans laquelle entrerait la Turquie, la Roumanie s’y agrégerait plus volontiers encore, car elle n’a avec la Turquie aucun motif de mésintelligence. La réorganisation de l’Empire austro-hongrois qui se prépare, dit-on, dans l’entourage de l’archiduc-héritier, aurait, sur les événements qui peuvent se produire dans les États balkaniques, une répercussion considérable. L’avenir de la Hongrie, de la Croatie, des Serbes, des Bulgares, des Roumains, est en suspens. Entre Vienne et Constantinople, des peuples et des tronçons de peuples s’agitent, tantôt s’attirant, tantôt se repoussant, nouant et dénouant des alliances, encore incertains du sens où une impulsion décisive viendra orienter leur histoire et fixer leurs destinées. La confédération danubienne imaginée par Kossuth, les projets de « Trialisme » actuellement étudiés en Autriche, la confédération balkanique ou la confédération orientale, sont dessolutions diverses d’un même problème qui s’étend depuis la Leytha jusqu’au Bosphore. L’avènement d’un nou-