ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 217 échéance le 31 mars et que, dans les conditions actuelles, le Cabinet de Vienne ne pouvait proposer, aux parlements autrichien et hongrois, de le prolonger; il ajoutait : « Si le gouvernement serbe déclare qu’il renonce à toutes prétentions politiques et territoriales au sujet de la Bosnie-Herzégovine, le gouvernement austro-hongrois est prêt à négocier avec bienveillance un nouveau régime économique. » Cette démarche était, indirectement, une réponse aux « représentations amicales » russes du 2 mars. Le comte Forgasch signifiait ainsi aux Serbes qu’ils devaient se résigner au tête-à-tête et que, s’ils persistaient, comme le leur conseillait la Russie, à remettre leur cause aux soins des grandes puissances et à réclamer des avantages économiques comme une « compensation » à l’annexion de Ja Bosnie, ils n’obtiendraient rien. Le ton conciliant de la démarche du comte Forgasch pouvait être considéré comme une satisfaction morale accordée par l’Autriche à la Serbie et pouvait faciliter à celle-ci une retraite honorable. On attendait, cette fois, de la Serbie, la réponse qui libérerait l’Europe de ses inquiétudes : de Paris, on faisait entendre à Pétersbourg que la situation devenait alarmante et que, si on ne décourageait pas le Cabinet de Belgrade de ses espérances illusoires, on risquerait d’aboutir à une guerre générale. M. Milova-novitch répondit d’abord (10 mars) à la Russie par une n°te qui fut communiquée à toutes les chancelleries ; il y déclarait : « La question de Bosnie-Herzégovine étant une question européenne... la Serbie... remet sa Causesans réserves aux puissances, comme au tribunal c°mpétent, et ne demande en conséquence, à cette °Çcasion, de l’Autriche-IIongrie, aucune compensation territoriale, ni politique, ni économique. » Ainsi, M- Milovanovitch esquivait, en se réfugiant derrière Europe, le tête-à-tête redoutable auquel l'Autriche prétendait le réduire ; il s’éclipsait habilement, en poussant