LA RIVALITÉ DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ANGLETERRE 47 miques, financières et sociales qui transfigurent si rapidement les nations et qui sont, à l’heure actuelle, des facteurs de paix, ne deviendront pas un jour, parla suite naturelle de leur évolution, les causes déterminantes de la guerre. Il suffirait pour cela que l’Allemagne ou l’Angleterre crût trouver, dans un grand conflit extérieur, une soupape de sûreté qui préviendrait l’explosion imminente d’une révolution ou la menace d’une banqueroute. Mais c’est là, semble-t-il, un péril encore lointain ; nous sommes, pour le moment, dans une période de détente qui, d’ailleurs, peut cesser du jour au lendemain. Edouard VII avait été, pour l’Allemagne, un adversaire redoutable : avec le sang-froid d’un beau joueur il avait vu venir l’heure où il faudrait jeter les dés et assurer la suprématie navale et l’hégémonie mondiale de l’Angleterre. Sa politique ne pouvait avoir d’autre terme logique qu’une guerre en vue de laquelle il cherchait à mettre toute l’Europe au service de sa querelle. Il put s’apercevoir, dans les derniers mois de sa vie, que ni la France, ni aucune autre grande puissance, ni même l’opinion anglaise, n’étaient disposées à risquer la partie décisive. La force des choses lui imposait la paix. Le 9 février 1909, il allait porter à Berlin des paroles de concorde. George V1, devenu roi le 7 mai 1910, n’a pas les mêmes raisons personnelles qu’Ëdouard Vil do sentir avec une particulière acuité la rivalité des deux nations : il reste fidèle à la ligne générale de la politique de son père, mais il participe de moins près à la direction des affaires. 11 a toujours témoigné des sentiments de sympathie à ses cousins l’Empereur Guillaume II et le prince Henri de Prusse. Aux funérailles du roi Edouard, tous 1. George V, par M. Jacques Bardoux, dans la lie vue hebdomadaire du 10 juin 1911, ou dans Victoria Èdouard VII, George V 1 vol in-16, Hachette.