464 UNE CONFÉDÉRATION BALKANIQUE EST-ELLE POSSIBLE? que les peuples de la Péninsule, encore pendant une longue période de leur relèvement politique, pourraient trouver un intérêt puissant au maintien de l’Empiredes Habsbourg qui, dans certaines conditions, formerait à coup sûr la garantie la plus efficace de leur propre indépendance. Le prix donc que l’Autriche-Hongrie ne manquerait pas de recueillir par l’inauguration d’une politique désintéressée ne resterait certainement pas au-dessous des sacrifices qui lui seraient imposés; tandis qu’en laissant survenir une lutte de compétition avec la Russie, elle ne met ni plus ni moins en jeu que son existence elle-même. « Notre conviction est que, les circonstances aidant, l’un des compétiteurs arrivera certainement à adopter un jour la manière de faire que nous indiquons et qu’il se mettra alors à la têle du mouvement qui répond le mieux aux intérêts généraux de l’Europe ainsi qu’aux aspirations nationales des peuples orientaux. Celui des deux compétiteurs qui arborera le premier franchement et réellement une conduite aussi désintéressée sortira, sans aucun doute, vainqueur de la lutte ». Ces vues profondes sont devenues plus vraies encore depuis que la révolution ottomane a fait renaître en Europe 1 espoir d’une réorganisation de la Turquie par ses propres moyens et à son propre bénéfice. La constitution, sous une forme plus ou moins étroite, d’un groupement des différents États balkaniques, y compris la Turquie, apparaît plus que jamais comme souhaitable dans l’intérêt des grandes puissances aussi bien que dans celui des plus petites. Si l’Empire Ottoman mène à bien son œuvre de rénovation, tout espoir d’extension dans la péninsule est désormais fermé à la Bulgarie, à la Serbie, au Monténégro, à la Grèce. Renonçant à des espoirs qui se feront plus chimériques à mesure que se fortifiera la Turquie, chacun de ces pays travaillerai organiser sa vie économique, à mettre