ET L’ANNEXION DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE 229 rendre définitive la situation, malgré tout précaire, de la Bosnie. Mais peut-être le plus difficile n’est-il pas fait : un échange de signatures ministérielles ne suffit pas à régler toutes les questions. L’annexion a soulevé en Hongrie le plus vif mécontentement; les chefs de tous les grands partis l’ont désapprouvée, sans en excepter même le comte Andrassy dont le père fut, au Congrès de Berlin, le premier plénipotentiaire austro-hongrois et conclut la Triple Alliance. La Bosnie annexée, que va-t-elle devenir? Hongroise, autrichienne ou pays d’Empire? La difficulté est si grave et menace d’entraîner des conséquences si dangereuses que le ministère commun n’a pas encore osé lui donner une solution définitive. Quels effets pourra avoir, pour l’équilibre intérieur de l’Empire, cet accroissement considérable de l’élément slave? C’est encore une question très complexe qu’il nous suffit aujourd’hui de poser. L’avenir des Slaves du Sud est, pour l’Autriche et pour la Hongrie, le problème de demain. Le comte Budolf Waldbourg, dans l’article que nous avons déjà cité, constate que les Croates, les Serbes, les Slovènes, tous les Slaves du Sud, tendent vers l’unité, et il émet l’avis que la politique autrichienne ne doit pas s’opposer à cette volonté manifeste, mais que son intérêt est de lui donner elle-même satisfaction. La monarchie austro-hongroise, dit-il en substance, n’a pas pour mission ^’opprimer les Slaves, elle doit au contraire les protéger; c’est donc sous l’égide des Habsbourg que cette unité doit trouver sa réalisation ; le groupe compact des Slaves du Sud entrerait ainsi dans l’Empire comme une unité nouvelle. Il faut rassembler les Slaves du dedans, protéger économiquement ceux du dehors (c’est-à-dire, pour parler net, faire entrer la Serbie dans un Zollve-re'n) ; le centre des Slaves des Balkans ne doit être ni Belgrade, ni Cettigne, mais la monarchie danubienne avec sa civilisation supérieure. Les peuples dont une