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LE PRÉSENT ET l’aVENIR
apparaître, certaines directions à se dessiner. Nous voudrions esquisser l’analyse de ces résultats, indiquer ces directions *.
I
  C’est une erreur commune de trop attendre des révolutions ; elles sont obligées de beaucoup promettre, pour excuser leurs violences, et les conséquences de ces mêmes violences les empêchent de beaucoup tenir : de l’ordre détruit à l’ordre restauré, elles traversent une ère de troubles et d’incertitude ; les enthousiasmes des premières heures subissent l’usure du temps; les intérêts privés restent quand les illusions tombent. L’Europe fut reconnaissante à la révolution qui emporta Abd-ul-Hamid, mais elle se montra aussi, vis-à-vis d’elle, trop exigeante; delà des désillusions qui, comme les enthousiasmes du début, furent parfois exagérées.
  L’art du gouvernement ne s’improvise pas. Rien ne préparait la plupart des Jeunes-Turcs à assumer les charges du pouvoir dans un moment aussi difficile. La révolution a été faite par l’audace d’une élite à laquelle le succès a attiré des recrues, mais, au début, les Jeunes-Turcs étaient peu nombreux et, même aujourd’hui, ils ne forment dans le pays qu’une minorité. Le gouvernement tombait donc aux mains de quelques hommes,
  1. On trouvera un utile résumé des événements qui vont du 24 juillet 1908 à l’avènement de Mehemet V (27 avril 1909) dans Paul Imbert : La Rénovation de L’Empire ottoman (Perrin, 19;i9, in-12). — Voyez aussi Vico Mantegazza : La Turchia liberale e le questioni balca-niche. Milan, Treves, 1908, in-8. — On trouvera beaucoup de renseignements dans la revue La Correspondance n'Orient, dirigée par le Dr Georges Samné (Pari s, 34 rue Pigalle). Si l’on veut avoir l’opinion d’un adversaire du régime Jeune-Turc, lire : Mèchuroutiette « Constitutionnel ottoman », dirigé par le général Chérif-Pacha (Paris, 2 avenue Camoëns).