LA RÉVOLUTION TURQUE 69 reconnut aux Arabes le droit de propriété, divisa les terres en parcelles qu’il mit en vente à des conditions très avantageuses en ayant soin d’empêcher tout accaparement. En même temps, il se préoccupait de retrouver les méthodes d’irrigation qui, au temps des grands Khalifes, avaient fait de la Mésopotamie un immense jardin ; il suscitait des industries, exploitait un puits de pétrole, ouvrait des écoles et des hôpitaux mixtes, fondait des banques, une imprimerie, un journal, organisait les municipalités des villes. Mais Midhat ne pouvait qu’indiquer des voies, amorcer des entreprises; le mauvais vouloir du Palais et de la Porte, les folles prodigalités d’Abd-ul-Aziz, la légèreté de son grand-vizir Mahmoud-Nedim, paralysaient les initiatives les plus heureuses, faisaient dévier les intentions les meilleures. Midhat demanda son rappel en 1871 ; à Bagdad comme sur les bords du Danube, il avait indiqué les méthodes à suivre et préparé l’avenir ; mais nulle part son œuvre ne survécut à son départ. Revenu à Constantinople, Midhat y devint l’espérance de tout le parti réformateur et de celles des puissances européennes qui souhaitaient que la Turquie devînt forte pour qu’elle pût faire obstacle à la marche en avant du panslavisme. Appelé une première fois au grand vizirat par Abd-ul-Aziz, il s’était retiré découragé et impuissant. Cependant, dans tout l’Empire, grossissaient les périls qu’il avait depuis longtemps prévus et tenté de prévenir ; les populations chrétiennes, encouragées par la Russie et par l’Autriche, s’agitaient; des insurrections éclataient en Bosnie, en Herzégovine, en Bulgarie; la Serbie et le Monténégro étaient en armes. Midhat prit une part prépondérante aux événements tragiques de 1876, à la déposition d’Abd-ul-Aziz et à l’avènement de Mourad Y, dont le premier acte fut de promettre une Constitution. Malheureusement Mourad, atteint d’une maladie nerveuse, était incapable de régner ; c’est alors