274 UNE FORME NOUVELLE DES LUTTES INTERNATIONALES govine; la veille, le prince Ferdinand s’était proclamé roi de la Bulgarie indépendante. Ainsi, deux provinces qui, théoriquement et en droit, faisaient encore partie intégrante de l’Empire ottoman, en étaient séparées. Dès le 8, à Galata et à Stamboul, la foule se porte devant les magasins autrichiens, criant qu’il faut les boycotter, empêchant les clients d’y entrer. Le 10, le Tanin, organe du Comité Union et Progrès, publie un article intitulé : « N’achetez pas de marchandises autrichiennes ! » qui, reproduit par tous lesjournaux de l’Em-pire, est comme le coup de clairon qui donne partout le signal du boycottage1. A partir de ce jour-là, dans les ports et dans les grandes villes, à l’appel des comités jeunes-turcs, les maisons autrichiennes sont mises à l’index, les navires autrichiens ne peuvent plus débarquer leur cargaison ; acheter des articles autrichiens devient un acte de trahison envers la patrie ottomane. A Constantinople, sous les yeux des « patriotes » et du gouvernement, le mouvement reste particulièrement calme et pacifique ; le docteur Riza Tewlik-bey, membre du Comité, en est l’organisateur. Le 13 octobre, dans une conférence au théâtre des Petits-Champs, il engage le peuple à pratiquer sans merci le boycottage des magasins autrichiens, mais aussi à se garder de vio- 1. « N’achetez pas les productions avariées de l’Autriche qu*> aU moment où les Ottomans ont besoin de travailler dans le calme, se jette, avec so î ordinaire immonde avidité, sur la Bosnie-Herzégo-vine. N'achetez pas les marchandises frelatées de l'Autriche qui, moment où les Ottomans attendaient de tous les États, tous les peuples civilisés, de la sympathie, de l’encouragemen . porte un coup de si grande détresse à la Nation. N’achetez pas ^ produits répugnants de l’Autriche qui, au moment où les Ottomans travaillent à établir leur gouvernement et leur administration sur ^ bases de justice et de droit, cherche à faire revenir le régime d a s lutisme, crée des troubles à l’intérieur et une guerre ^ l’extérieur, foulant aux pieds les traités, le droit des gens. Oui, qu’aucun 0 ^ man ne donne un para pour les étoffes, les vêtements, les ch a settes, les mouchoirs, les flanelles, etc... venant de l’Autriche. »