DANS LA POLITIQUE DANUBIENNE ET BALKANIQUE 413 n’ait pas profité du désarroi où était l’armée turque après la révolution de juillet 1908, ou après le coup d’Etat d’Abd-ul-Hamid en avril 1909, pour marcher sur Constantinople et signer à son profit un nouveau traité de San Stefano. La véritable raison de cette abstention, c’est en Roumanie qu’il faut aller la chercher. Les Bulgares ie savent bien ; mais il en est parmi eux qui pensent que l’obstacle est plus formidable en apparence qu’en réalité. « Si, disent-ils, les Roumains envahissaient notre territoire pendant que nous serions engagés avec les Turcs, nous ne devrions pas leur opposer un seul soldat, mais ouvrir toutes les portes devant eux; ni l’opinion européenne, ni môme l’opinion roumaine n’admettraient que, dans ces conditions, l’armée roumaine vînt frapper par derrière et écraser ces mômes Bulgares affranchis par sa bravoure aux jours de Plevna. » Même dans l’hypothèse où les choses se passeraient ainsi, il n’en reste pas moins que les Roumains occuperaient une partie du territoire bulgare et que les opérations de l’armée aux prises avec les Turcs en seraient singulièrement contrariées. La prudence du roi Ferdinand a mesuré toutes ces difficultés ; elles lui ont paru assez graves pour imposer la paix à la Bulgarie frémissante. A l’automne 1910, au moment où les Turcs, sous prétexte de désarmement, se livraient en Macédoine aux sévices dont nous avons donné ici quelques exemples1, en Bulgarie l’opinion publique, violemment irritée, reprochait au Roi et au gouvernement leur inaction; des réfugiés macédoniens, étalant leurs plaies et leurs haillons, émouvaient la pitié de leurs frères bulgares ; la situation était menaçante ; on allait jusqu’à dire qu’une révolution pouvait emporter le trône du roi Ferdinand ; c’est à ce moment précis qu’un journal français donna, comme venant de Cons- !• Voyez ci-dessus, chapitre u, pages 124 et suiv.