LES RÉFORMES 159 Nous ne saurions entrer dans le récit de cette longue suite de crimes, de massacres et d’horreurs qui constitue., depuis 1902, l’histoire de la Macédoine; il est impossible, tant sont divergentes les versions d’un même événement, selon la nationalité de celui qui le raconte, de discerner la vérité dans ses détails ; mais la compréhension de l’œuvre qui s’impose à l'Europe, dans sa mission réformatrice, exige un exposé très rapide de l’origine des troubles et de leurs phases principales. I C’est surtout après le succès de la révolution rou-méliote, en 1885, que des comités se formèrent dans la principauté de Bulgarie pour préparer un mouvement de même nature en Macédoine; ils travaillaient les populations par une propagande intellectuelle, scolaire et ecclésiastique sous la haute inspiration de l’exarchat et des évêques. A partir de 1894 surtout, la cause macédonienne commence à passionner les Bulgares : les circonstances géné-nérales de la politique européenne rendaient de plus en plus improbable une action énergique des grandes Puissances pour l’exécution des réformes prévues par le fameux article 23 du traité de Berlin. Les paysans de Macédoine, persécutés, perdant patience, se réfugiaient par milliers dans la principauté, peuplaient tout un quartier de Sofia ; leur infortune produisait dans la principauté une émotion d’autant plus sincère que leur présence ne tardait pas à devenir onéreuse. Sous leur influence, le congrès de Sofia, en 1894, rédigeait les statuts de 1’ « Organisation ma-