ET LA QUESTION ARABE 383 l’autorité religieuse sur tout l’Islam; mais il est de race turque et ne peut invoquer aucune parenté avec le prophète Mahomet : comme tel il est suspect aux Arabes et obligé à des ménagements tout particuliers envers le grand chérif de la Mecque et les hauts personnages religieux des villes saintes. La Mecque a toujours été un centre d'effervescence politique et religieuse; si, de sa propre initiative ou à l'instigation de quelque puissance extérieure, un chérif révéré, un descendant de Mahomet se mettait à prêcher la haine des Turcs et se proclamait lui-même comme le véritable successeur du Prophète et des anciens Khalifes, l’autorité mal définie, mais considérable, que le Sultan exerce sur tout l’Islam oriental, se trouverait compromise et son pouvoir politique en serait du même coup profondément ébranlé. La manifestation, en Arabie, dans la Rome de l’Islam, loin de tout grand État politique, d’une nouvelle autorité spirituelle, capable d’exercer son prestige religieux sur une grande partie de l’Islam asiatique, trouverait certainement dans le milieu égyptien un accueil très favorable. Toutes les puissances européennes qui administrent des sujets musulmans, la pourraient voir sans déplaisir : mais c’est surtout l’Angleterre qui, semble-t-il, aurait sujet de se féliciter d’une révolution qui aurait pour résultat de ruiner l’autorité religieuse d’un sultan avec les droits souverains duquel elle doit compter en Egypte et qui, de plus en plus, échappe à son influence pour entrer dans le rayon d’action de la politique allemande *. Cette menace, si lointaine qu’elle puisse paraître encore, n’a pas échappé à la vigilance soupçonneuse 1. Cf. le livre, qui a fait beaucoup de bruit, du baron Max von Oppenheim : Vom Mittelmeer zum persischen Golf. Berlin, Dietrich Reimer, 1899-1900 , 2 vol. in-8».