416 LA QUESTION DE MACÉDOINE main de l’ancienne Dacie. Les Yalaques ne sont donc pas un peuple à part, un lambeau du peuple roumain égaré dans le Pinde, ce sont tout simplement des Macédoniens latinisés : il y a les Koutzo-Valaques1 ou Macédoniens parlant latin, comme ii y a les Albano-Valaques ou Albanais parlant latin, comme il y a les Roumains qui sont des Daces parlant latin. L’idiome roumain et l’idiome valaque sont très voisins, mais il y a cependant entre eux de notables différences. Le roumain, qui avait été pénétré par des infiltrations slaves, a été, pour ainsi dire, relatinisé récemment par les écrivains ; l’idiome valaque de Macédoine a, au contraire, subi des influences grecques. Les Yalaques de Macédoine, loin d’être venus du Nord, sont au contraire venus du Sud et ils se sont avancés, en suivant la chaîne du Pinde, jusqu’à la hauteur de Monastir ; mais beaucoup sont restés en Grèce même où ils comptent parmi les meilleurs citoyens du royaume hellénique. Yiendra-t-on, ceux-là aussi, les revendiquer un jour pour la nationalité roumaine? Tous les Yalaques, sans exception, outre leur langue, en parlent une autre, généralement le grec, ou, en Épire, l’albanais ; tous avaient été, jusqu’à ces dernières années, les plus dévoués propagateurs de « l’idée » hellénique ; aucun ne songeait à se réclamer, sous prétexte d’affinité de langue, de la lointaine Roumanie ; c’est seulement quand Apostol Margarit eut organisé sa propagande et semé à pleines mains l’or du gouvernement roumain que quelques Valaques, par intérêt, se déclarèrent roumanisants2. Aujourd’hui, après le succès 1. Koutzo veut dire petit, boiteux. En slave, les Valaques s’appellent Tsintsar. 2. Sur Apostol Margarit, voir surtout Bérard, La Turquie et l’hellenisme.