162 LA QUESTION DE MACÉDOINE peut dire que le Comité Michaïlowski-Zontchef représentait une tendance plus conforme à la politique du gouvernement de la principauté et combattait les menées de 1’ « Organisation intérieure », tandis que le Comité Sarafof, faisant alliance avec elle, en devenait l’âme. Sarafof et ses partisans prétendaient réussir par l’action révolutionnaire, tandis que le Comité Michaïlowski-Zontchef cherchait surtout à émouvoir les grandes puissances pour provoquer leur intervention. « Nous périrons pour attirer l’attention sur nous, » disait M. Michaïlowski. Ce schisme engendra une véritable hostilité quand le Comité Michaïlowski-Zontchef, pour arrêter les progrès et prévenir les desseins de 1’ « Organisation intérieure » et des Comités Sarafof, eut préparé et dirigé l’insurrection de 1902. On vit des partisans des deux politiques opposées en venir aux mains. Ce fut, au contraire, Sarafof et 1’ « Organisation intérieure » qui conduisirent le mouvement de 1903, qui provoqua les attentats à la dynamite de Salonique (29 avril) et le grand soulèvement du mois d’août dont le retentissement mit enfin la question de Macédoine à l’ordre du jour de la politique européenne. Pendant tout l’été et l’automne de 1903, les bandes révolutionnaires tinrent la campagne, organisant la terreur, attaquant les troupes turques, effrayant par des exécutions impitoyables les villages trop lents à obéir aux Comités où à leur fournir des subsides. Les troupes turques, les gendarmes, les bachi-bou-zouks se mirent à la poursuite des bandes et en profitèrent pour exercer d’atroces vengeances sur les paysans désarmés. Des bandes grecques apparurent, formées en Thessalie et entrées en Macédoine avec la connivence tacite des fonctionnaires ottomans, pour répondre à la violence par la violence et