LA MER-NOIRE ET LA QUESTION DES DÉTROITS 93 tervention a dû lui montrer à quel redoutable adversaire son influence se heurterait maintenant à Constantinople : le maître, aujourd’hui, en Orient, ce n’est plus ni le Russe, ni l’Anglais, c’est l’Allemand; et voici que, aujourd’hui, par une conséquence naturelle de cette situation nouvelle, Londres et Péters-bourg se réconcilient. IV La guerre entre la Russie et le Japon a naturellement ramené l’attention sur la question des Détroits ; elle a montré tout ce qui se cache, sous cette législation internationale, de foncièrement arbitraire et de profondément vexatoire pour une grande nation comme la Russie; sa meilleure escadre, au moment où l’on pouvait croire que sa prompte venue en Extrême-Orient serait de nature à changer l’issue do la lutte, s’est trouvée immobilisée dans la Mer-Noire, emprisonnée par des traités dont les alliés européens du Japon se chargeaient de surveiller l’exécution. A Saint-Pétersbourg la pensée vint sans doute de demander l’autorisation de franchir les Détroits : peut-être même eut-on la tentation de se passer de permission. S’il est vrai que de discrètes démarches furent esquissées pour sonder les dispositions de la Porte, le résultat fut la certitude que le Sultan se trouvait dans la nécessité de résister et qu’il pourrait compter sur un puissant concours, car c’est la flotte de la Baltique qui fut mobilisée et qui dut faire, autour de l’Europe, un long circuit où elle rencontra 1 incident de Hull. Seuls les navires de la