LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 437 ports avec Vienne devenaient de plus en plus difficiles, on sentait, à Budapest, le besoin de se rapprocher d’Agram (Zagreb) et d’oublier les amers souvenirs de cette année 1849 où les Croates, conduits par leur ban Jelachitch, vinrent à la rescousse des Habsbourg et prirent à revers la Hongrie patriote. Les Slaves de Croatie, tenus en étroite lisière par leurs bans envoyés de Budapest, commencèrent à respirer et l’on vit, au printemps 1906, un fait jusqu’alors inouï : d’après les instructions de MM. Weckerlé et Kossuth, les élections se firent à peu près librement dans un grand nombre de circonscriptions et surtout dans les villes. Le résultat fut foudroyant : l’ancien parti de l’oppression ou parti Magyaron qui soutenait le ban Pejacevitch, se trouva réduit dans la diète d’Agram, à trente-quatre membres; la majorité passa à une coalition de partis favorables, avec certaines nuances, à l’opinion résolutionniste, c’est-à-dire partisans de la politique définie dans la Résolution de Fiume. De Trieste et de Cattaro jusqu’au delà du Danube, un immense cri de joie retentit : la Croatie fêtait sa délivrance ! A Belgrade, on partagea l’allégresse des frères slaves et, spontanément, des drapeaux parurent aux fenêtres. A ces nouvelles, un frémissement d’impatience passa sur les populations croates de Dalmatie et s’étendit jusque chez les Slovènes de saient à leur tour à Zara et publiaient un manifeste favorable à la Politique définie à Fiume. Depuis lors, la réconciliation des Serbes des Croates a fait de nouveaux progrès auxquels le conflit ‘‘Ustro-serbe n'a pas peu contribué. Des résolutions de Fiume et c Zara, il convient de rapprocher, entre autres, ces paroles de ■ ■ Irançois Kossuth : « Nous désirons faire des Croates no3 amis, les Slaves seront nos collaborateurs et nos compagnons d’armes “M's notre lutte nationale. » (Cité par M. René Henry, dans les lestions diplomatiques et coloniales du 16 novembre 1905.) Cf. du auteur, les deux ouvrnges déjà cités.